Demain je serai grand-père, et cela me conforte dans l'idée de lancer un nouveau média
par Tibère Adler, éditeur de Heidi.news

Heidi.news est un nouveau pure player basé à Genève et lancé au printemps 2019. Découvrez le projet et devenez Membre fondateur: heidi.news
- Aucun de mes quatre enfants n'est abonné à un journal. Et pourtant, j'ai consacré 20 ans de ma vie à la presse
- Si nous voulons dialoguer avec nos enfants en parlant de médias, il faut en inventer de nouveaux
- C'est le sens de mon engagement pour lancer Heidi.news
Les médias sont entrés dans ma vie en 1989. Jeune avocat, j’ai eu la chance d’être engagé par la famille Lamunière, propriétaire du groupe de médias Edipresse, dont j’allais plus tard devenir le directeur général.
Ce fut le début de 20 années extraordinaires, passionnantes, turbulentes. Edipresse est passé d’éditeur local vaudois à celui de plus grand éditeur romand de quotidiens, puis de groupe international, avec des magazines dans 16 pays. Ce groupe a marqué la Suisse romande par le rachat de la Tribune de Genève, le lancement du Nouveau Quotidien puis du Temps, le développement du Matin Dimanche; il a relevé les premiers défis de l’internet.
Pendant ce temps, mes quatre enfants grandissaient, dans une maison remplie de journaux et de magazines...
Aujourd’hui, à fin 2018, mes enfants ont entre 20 et 30 ans. Aucun d’entre eux n’est abonné à une publication imprimée, mais l’un, déjà, sera papa dans les heures à venir. J’ignore quels médias accompagneront ma petite-fille quand elle aura 20 ans.

En 1989, la presse était au plus haut. Ce fut l’inauguration du Centre d’Impression de Bussigny, cette cathédrale de rotatives. 24 heures baignait dans l’opulence publicitaire, se payant le luxe de décourager les annonceurs du jeudi avec une «taxe d’encombrement» (en fait, un supplément de prix) qui ferait rêver aujourd’hui.
Le journal était une évidence sociale, le rituel d’accès à l’indépendance économique. Souvenez-vous! Les couples qui se mettaient en ménage avait pour premier réflexe de s’abonner à un quotidien. Dans les familles, la presse était un point d’ancrage partagé, le prétexte à discussions et échanges autour de la table.
Trente ans plus tard, tout a changé. La presse romande est dans les mains de groupes alémaniques, les imprimeries tirent la langue, la publicité est famélique, même le jeudi, et les jeunes couples commencent par s’assurer un accès internet optimal et un abonnement Netflix. Chaque membre de la famille s’informe différemment, le plus souvent sur son téléphone, la conversation se fragmente.
Avant, le journal était une plate-forme qui rassemblait au quotidien sous sa bannière unique les nouvelles, les annonces, les offres d’emploi et immobilières, les mortuaires, les mots croisés, les programmes de cinéma et le courrier des lecteurs. Désormais, tout est disponible séparément, en ligne et souvent gratuitement. Le partage de l’information autour du journal rassembleur a été remplacé par la consommation individuelle de l’internet et des réseaux sociaux.
Je comprends bien ces deux époques médiatiques, entre lesquelles je me sens parfois un trait d'union. Mais comment accepter de ne plus transmettre tout ce que la presse a transmis pendant des décennies? Comment se résoudre à laisser la jeune génération aux réseaux sociaux? Comment partager encore les mêmes sources d’informations, participer au même débat?
La réponse aux difficultés de la presse n’est pas simple, car il ne s’agit pas que d’argent. Certains rêvent de remplacer la publicité manquante par des subventions nouvelles ou des parts de la redevance: je n’y crois vraiment pas. Car encourager des médias vivants, des médias qui doivent être le coeur battant de notre société démocratique, ce n’est pas juste une mission de préservation d’un patrimoine menacé.
Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, il faut tenter du neuf, «innover» (même si le mot est très galvaudé). Dans ce monde fluide et connecté, ce sont souvent les nouveaux acteurs – libres et sans attaches - qui se développent le mieux.
C’est le pari que nous faisons avec Heidi.news. Notre équipe a imaginé un nouveau média pour expliquer et explorer le XXIe siècle, qui sera lancé au printemps 2019 et pourra être lu tous les jours sur les téléphones et les autres écrans, ainsi que dans une revue imprimée plusieurs fois par année. Nous faisons à Heidi.news le pari de la confiance des membres et des lecteurs pour soutenir financièrement le média. Ce qui a une valeur sera reconnu, ne restera pas gratuit.
Si je m’engage dans cette aventure, c’est pour que la génération de mes enfants voie naître un média de son époque, qu’elle intégrera à sa vie quotidienne de manière naturelle et efficace. Il est illusoire de penser convertir ces jeunes à la consommation de médias «anciens» simplement rénovés. Si nous voulons dialoguer avec nos enfants en parlant de médias, il faut en inventer de nouveaux.
Soutenir la création d’un nouveau média, c’est planter une graine de partage et d’intelligence collective pour les générations futures. Et c’est encourager une diversité des informations et des opinions plus indispensable que jamais. Car c’est de la diversité que naît la qualité journalistique.
Noël est le temps du partage, des réunions familiales. C’est l’occasion de refaire le monde, de renouer le fil entre les générations, de faire de belles résolutions pour l’avenir. Et si Heidi.news faisait partie de vos vœux cette année?
Au nom de toute l’équipe, je vous présente mes vœux chaleureux pour Noël et la nouvelle année. Nous aurons le plaisir de vous retrouver dès janvier pour vous décrire la suite de notre projet. Dans l’intervalle, n’hésitez pas à prolonger la conversation en m’écrivant à tibere.adler@heidi.news
Bonnes fêtes et à bientôt,
Tibère Adler
Editeur, Heidi.news
Heidi.news est un nouveau pure player basé à Genève et lancé au printemps 2019. Découvrez le projet et devenez Membre fondateur: heidi.news